Daruma : une sacrée figurine !

Daruma : une sacrée figurine !

Depuis quelque temps une curieuse petite figurine a rejoint notre sélection sur le site de Maison Godillot et dans notre boutique hyéroise. Avec ses épais sourcils qui surmontent deux globes blancs, sa silhouette rondouillarde, sa barbe fournie et ses moustaches en guidon de vélo, le Daruma intrigue. Si l’objet est décoratif, il n’en reste pas moins une figurine empreinte d’un fort symbolisme, liée au bouddhisme zen et à son système de croyance, qui doit apporter à son propriétaire protection et force afin d’atteindre des objectifs qu’il s’est fixé, sous forme d’un souhait.

Le bouddhisme zen comme origine

L’histoire de ce personnage, aussi connu sous le nom de Bodhidarma, en référence au moine indien fondateur du bouddhisme zen, est totalement liée à celle de cette pratique centrée sur la méditation, implantée au Japon depuis le VIème siècle. 

D’après la légende, le Bodhidarma aurait traversé le fleuve Yangzi perché sur un roseau et aurait ensuite passé neuf années à méditer au sommet du mont Song. Au cours des 150 années que durèrent sa vie, le moine aurait perdu bras et jambes, victimes du pourrissement, faisant de lui ce personnage tronc, qui quoi qu’il arrive se remet toujours d’aplomb. Il illustre ainsi les valeurs de persévérance contenues dans le proverbe japonais “Tombe sept fois, relève-toi huit fois”.

Une amulette protectrice

La figurine inspirée par cette histoire date elle du XVIIIème siècle. A l’époque sévissait dans la préfecture de Gunma, au nord de Tokyo une importante famine liée à des conditions climatiques désastreuses ayant entrainé de maigres récoltes. Un moine du temple Shorinzan situé à Takasaki, une des principales villes de la région, décida de créer de petites figurines symbolisant le Bodhidarma pour apporter force et courage aux habitants en ces temps difficiles. Les paysans se mirent à leur tour à produire la petite amulette qui avait gagné en renommée et était très demandée par les voyageurs et en tirèrent des revenus qui leur permirent de surmonter la crise.

Aujourd’hui encore le Daruma reste associé à la ville de Takasaki ou de nombreux artisans perpétuent la tradition, dont fait partie notre fournisseur Daimonya qui en est l’un des plus anciens représentants. 

Une fabrication locale artisanale

La fabrication des Daruma reste inchangée depuis l’origine. Toutes les étapes sont encore aujourd’hui manuelles et font appel aux savoir-faire et au sens artistique de l’artisan. Les figurines sont faites de papier mâché et formées dans des moules. Leur fond est lesté, afin qu’elles puissent, quoi qu’il arrive reposer sur leur base. Elles sont ensuite peintes, puis décorées et mises à sécher sur des tiges en bambou, une petite pastille en papier viendra ensuite obturer cette ouverture.

Un objet empli de symbolisme

De nombreux symboles sont contenus dans le décor du visage du Daruma. Les sourcils ont toujours la forme de deux grues, qui rejoignent sur les côtés la barbe et la moustache en forme d’écailles de tortues. Ces deux animaux, auxquels les légendes japonaises prêtent une longévité hors du commun, porteront chance et prêteront longue vie au détenteur du Daruma. D’autres détails peints peuvent parfois être ajoutés comme des caractères exprimant le genre des souhaits formés ou même le nom du propriétaire de la figurine.

De même les couleurs de fond choisies pour peindre le Daruma sont elles aussi porteuses de signification. Le rouge éloigne les mauvais esprits, le rose favorise l’amour, le doré attire l’argent, le noir repousse la malchance et le vert la maladie.

Mais pour permettre au Daruma d’exercer ses « pouvoirs », son possesseur doit former un vœu selon un rituel très précis.

Un allié précieux, incarnant notre persévérance

Si les yeux du Daruma restent vides, c’est pour que l’on puisse formuler un vœu secret, tout en lui dessinant une première pupille et ainsi demander son assistance pour nous aider à atteindre notre objectif. Le fétiche aveugle, peut ainsi espérer recouvrer la vue, car on pourra après la réalisation du vœu lui dessiner une seconde pupille.

Bien plus qu’un acte magique, il s’agit véritablement de permettre une réflexion sur ce que l’on désire, de formuler ce désir et par la même d’aider à sa réalisation. Une démarche qui vise aussi à prendre conscience de ce qui nous motive durablement, de notre persévérance et des voies que nous utilisons pour atteindre nos buts.

Le Daruma, loin d’être accessoire, se révèle ainsi un allié précieux de la pratique méditative.

Texte : Hélène Borderie

Photos : 

encyclopediaofbuddhism.org

travel.gaijinpot.com

Ajouter un commentaire

 (avec http://)

Suivez @maisongodillot sur Instagram